La liberté, est-ce satisfaire tous ses désirs ?
Deux concepts sont mis en relation : liberté et désir. Il s’agit donc de montrer en quel sens ces deux concepts sont complémentaires : on ne pourrait être libre que dans l’affirmation et la satisfaction du désir (la question étant de savoir si "le désir" et "tous ses désirs" sont identiques, synonymes ?), voire de tous nos désirs. Contrairement aux besoins, les désirs ne naissent pas de la contrainte. Par conséquent la recherche de leur satisfaction n'est pas si aliénante. Mais l’emploi du terme "tous" laisse entendre qu’on n’en finit jamais, qu’on peut être esclave de ses désirs, comme si céder à l’un d’eux nous conduisait dans une fuite sans fin, comme s’il y avait une tyrannie des désirs. Ce qui serait automatiquement contradictoire avec l’idée de se libérer en satisfaisant nos désirs ; on verrait ainsi que parfois le plus grand obstacle à la liberté, ce n’est pas autrui (sous quelque forme qu’on puisse le penser) mais bien soi-même. Il conviendrait alors pour être libre de "changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde", selon l’affirmation cartésienne dans une perspective stoïcienne. Ou encore de limiter, restreindre nos désirs dans la mesure où cela est possible. Qu’est-ce que la notion de désir implique par rapport à la liberté ? Il semble être à lui-même sa propre loi. Dans le mythe de l’attelage ailé (Phèdre), Platon montre qu’il faut limiter de l’extérieur les désirs pour devenir libre, pour se libérer. Le désir devrait être soumis à une loi. C’est ce que laisse entendre Hobbes au chapitre VI du Léviathan par exemple. De même on pourrait distinguer les désirs que nous subissons (qui viennent de causes extérieures) et les désirs dont nous sommes pleinement responsables (Spinoza, Éthique, III ou Traité politique, II). De même peut-être conviendrait-il de penser une distinction rigoureuse entre désirs et volontés. Satisfaire tous ses désirs, n’est-ce pas s’aliéner alors que la volonté suppose autonomie et