La fontaine - « les membres et l’estomac » - fables (1679)-
Même introduction que pour « Les animaux malades de la peste ».
I. Un récit plein de vivacité
Cette fable atypique à tous égards contient un récit extrêmement bref qui ne dépasse pas 23 vers sur 44. Les quatre premiers vers, quatre octosyllabes bien distincts, constituent une entrée en matière qui prépare la leçon politique en annonçant le parallèle entre le fonctionnement du corps et celui de l’État. Le récit lui-même ne commence qu’au vers 6 avec l’annonce de la révolte des membres contre l’estomac. L’humour du narrateur est ici rendu sensible par la personnification des différentes parties du corps : «chacun d’eux résolut de vivre en gentilhomme ». Dans cette fable singulière, les animaux et les hommes sont remplacés par les membres personnifiés, qui se révoltent, parlent longuement (v. 8 à 13) et finalement arrêtent de se mouvoir pour chercher la nourriture. Le fabuliste fait ici un clin d’œil à Rabelais en appelant l’estomac personnifié « messer Gaster ». Le récit vif et piquant repose sur des accélérations subites: «ainsi dit, ainsi fait» écrit le narrateur. Le recours au présent de narration («les mains cessent de prendre»), l’énumération des verbes à l’infinitif aux vers 14 et 15, tout contribue à montrer la rapidité de la révolte. Le dénouement enchaîne avec autant d’efficacité par l’analyse des conséquences sur le corps, affaibli: «chaque membre en souffrit, les forces se perdirent». Le recours à un alexandrin bien équilibré, avec une césure à l’hémistiche, fait ressortir la cruauté de la situation, et la leçon est tirée d’emblée, dès le récit, au travers de la prise de conscience des «mutins»: ils découvrent l’utilité de chacun des organes.
II. Une réflexion politique
La leçon politique de la fable est donc préparée par les vers 21 à 23, la découverte faite par les membres : le narrateur s’emploie ici à condamner leur erreur («celui qu’ils croyaient oisif et paresseux») et leur manque de jugement dans l’appréciation de