La fonction d’entrepreneur schumpetérien
Introduction : La création d’entreprise est largement encouragée, notamment par des programmes de financement public, sachant qu’il est supposé qu’une liaison positive existe entre la création d’entreprise et la croissance économique (Baumol, 1993). Mais il est bien connu que le taux d’échec des entreprises nouvellement créées est très élevé . La recherche et l’enseignement se sont emparés de cette question, en vue de contribuer à améliorer le taux de réussite des nouvelles entreprises. Dans ce but, de nombreux travaux de recherche et programmes d’enseignement sont consacrés à la fonction d’entrepreneur (Shane & Venkataraman, 2000 ; Fayolle, 2000), qui est supposée être une fonction très spécifique (Stewart et al., 1998), notamment lorsqu’elle est comparée à celle de cadre-dirigeant (manager). Cela revient par exemple à proposer que la formation des entrepreneurs devrait se distinguer de celle des managers. Pour justifier une telle distinction, il est souvent fait référence aux travaux de Schumpeter. Mais une telle référence est loin d’être justifiée. En effet, si Schumpeter est un auteur incontournable lorsqu’il est question d’entrepreneurship (Schumpeter, 1989), c’est à dire quand on s’intéresse aux mécanismes de transformation des informations en produits et services (Shane & Venkataraman, op. cit.), il n’oppose pas systématiquement les personnes ayant le statut de manager aux entrepreneurs. De même, certaines conceptions de la fonction d’entrepreneur qui lui sont attribuées peuvent être considérées comme largement erronées, en particulier le fait que la fonction d’entrepreneur soit à exercer par une personne unique (Witte, 1998). Cela signifie que pour clarifier le débat relatif à la fonction d’entrepreneur, il peut être utile d’effectuer un retour aux sources. Une contribution dans laquelle Schumpeter a particulièrement discuté sa conception de la fonction