La distanciation est le fait pour un auteur, pour un metteur en scène, ou pour un acteur de créer une certaine distance entre le spectacle et le spectateur, afin de développer l'esprit critique de celui-ci, par le choix du sujet, par certaines techniques de mise en scène ou encore par le jeu des acteurs. Le principe même de ce mouvement est la faculté à délivrer le spectateur de ses problèmes sociaux et politiques à travers une distance critique et une distance libératrice. C'est Bertolt Brecht le premier qui théorisa ce mouvement, bien qu'il ne l'est pas inventé pour autant car il faut remonter jusqu'à l'époque du théâtre grec antique, où l'on utilisait des choeurs présentant le contexte qui aidaient le public à mieux comprendre la pièce. Cependant, la distanciation n'était pas encore reconnu comme tel. D'ailleurs, quand l'on met en scène encore aujourd'hui une distanciation, qu'elle soit abstraite, médiatisée ou de contact, on parle généralement d'un théâtre brechtien.

La plupart des jeunes gens qui viennent à la scène souhaitent s'extérioriser principalement, sous les yeux d'un public, et montrer leur sensibilité ou leur élégance. C'est comme une sorte de public qui ne se contente plus de rester passif sur son siège mais de devenir actif, et de ne plus partager les destinées d'autrui mais les leurs. Bertolt Brecht, lui, largement influencé par l'horreur de la guerre, comme pour les surréalistes français, veut que le comédien adopte un point de vue critique sur son personnage en le jouant. Cependant il ne veut pas que cela soit seulement le comédien qui porte un regard critique sur son personnage mais également le spectateur. Il y a plusieurs conditions à ce type de regard : débarasser la salle et la scène de toute magie et n'y susciter aucun champ hypnotique. Ne pas chercher à « chauffer » le public par des actions dramatiques, ni à l'envoûter relève aussi de l'effet de distanciation. C'est d'ailleurs les avantages essentiels que le théâtre épique tire