La distanciation est une expression employée par Brecht pour désigner l'effet par lequel l'acteur se dissocie de son personnage, créant une distance entre le spectacle et la salle, afin d'obtenir du public une attitude critique. S'opposant à l'identification de l'acteur à son personnage, elle produit un effet d'étrangeté par divers procédés de recul, comme l'adresse au spectateur. Ce dernier procédé est adopté par Jean Anouilh dans son adaptation de la pièce théâtrale Antigone de Sophocle.
L’œuvre de Jean Anouilh apporte une nouvelle vision de celle de Sophocle. Le prologue sera l'un des élément qui affirment cette nouveauté. A l'origine, Le prologue signifie "pro-logos", c'est à dire avant le discours et avant l'action. il remplit la fonction de présentation. Cela permet un rapport direct avec le public. Il est à la fois un personnage et une fonction : Il est omniscient mais ne rentre pas dans l'action de la pièce. Dans Antigone d’Anouilh, le prologue s'adresse au public pour lui annoncer que les personnages vont jouer, à l'aide de plusieurs présentatifs (Voilà, ces personnages, c'est Hémon, c'est Créon). Ce qui met le public dans un univers de réel. Donc, le prologue lui fait comprendre qu'il s'agit d'une pièce théâtrale où les comédiens vont jouer le mythe d'Antigone. Par-là, il casse l'illusion et informe le spectateur qu'il ne doit pas s'identifier aux personnages. En plus, Il annonce déjà le dénouement de la pièce, les rôles des personnages et leur destin. Il nous annonce la fin de la tragédie avant même de l'avoir commencée : «Elle pense qu'elle va mourir». Ce qui casse le concept du suspense concernant le dénouement. Alors, On sait tout ce qui va se passer. Mais la seule question ouverte qui reste est comment cela va t'-il se passer? Cela veut dire qu'Anouilh prend une distance vis-à-vis de l'histoire. Son intérêt est donc de distancier le public de l'action dramatique pour qu'il puisse réfléchir sur la méthode du traitement du mythe, et avoir un certain