La dent d'or
Ce texte est extrait de l’Histoire des oracles, essai écrit par Fontenelle en 1686. L’auteur y montre un certain nombre de comportements irrationnels fondés sur les croyances, les préjugés. Il s’efforce de démonter les mécanismes qui conduisent les hommes à accepter facilement ce qui les sécurise et à chercher de manière peu pertinente la cause de phénomènes dont l’authenticité n’a pas été vérifiée.
Le texte de La dent d’or est tout à fait exemplaire. Partant d’une recommandation qui est la base même de la démarche scientifique, Fontenelle poursuit avec une anecdote qui illustre sa thèse ; et termine par une généralisation appliquée à trois domaines.
I La thèse
Dés la première phrase, l’auteur montre la tentation intellectuelle que l’on peut avoir d’expliquer les phénomènes étranges par l’intervention de créatures maléfiques surnaturelles ; ce qui se heurte à l’exigence suprême de vérité. Il s’ensuit une phrase très courte essentielle car elle énonce la thèse à travers une forme injonctive (impérative) : « Assurons-nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause », le "nous" impliquant la communauté des lecteurs et l’auteur lui même. Lui non plus n’est pas à l’abri de cette erreur.
Fontenelle cependant est conscient des difficultés d’entreprise parce que cela va à l’encontre de l’attitude naturelle : « Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens, qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait ». L’homme naturellement a tendance à se précipiter, comme le montrent les métaphores : « courent à la cause » et « passe par-dessus ». Cette précipitation va à l’encontre de la démarche scientifique qui au contraire est "lente".
L’exposé de cette thèse se termine de manière humoristique sur le risque d’absurdité que fait courir le non-respect de cette démarche.
Et pour prouver ce qu’il vient d’énoncer, Fontenelle raconte une anecdote qui a valeur d’apologue (récit court et plaisant