La dent d'or
Dans l'histoire des oracles, Fontenelle met à jour un certain nombre de comportements irrationnels fondées sur les croyances, les préjugés, les a priori. Par un récapitulatif historique, parfois anecdotique, il s'efforce de démonter les mécanismes qui conduisent les hommes à accepter facilement ce qui les sécurise et à chercher de manière peu réfléchie la cause de phénomènes dont l'authenticité c'est même pas prouvée.
L'histoire de la dent d'or est à cet égard exemplaire.
Si le texte est exemplaire par l'épisode qu'il rapporte, il l'est aussi sur le plan de sa structure persuasive. Partant d'une recommandation, qui est la base même de la démarche scientifique, Fontenelle poursuit avec une illustration comportant force détails ironiques. Nous mettrons en évidence le processus de généralisation qui est la leçon ou la morale du texte
On pourra analyser successivement :
I. L'entrée en matière
II. L'annonce de l'anecdote
III. Le récit anecdotique
IV. La généralisation
I. L'ENTRÉE EN MATIÈRE
L'idée essentielle est donnée dans les premières lignes sous la forme d'une recommandation à l'impératif "assurons nous" qui, par la personne choisie, englobe le narrateur.
Ce qui se trouve ainsi présenté est la démarche expérimentale et ses priorités: vérifier l'authenticité d'un événement avant de s'interroger sur les causes qui l'ont produit.
Vient immédiatement après une objection "il est vrai que", qui explique les raisons pour lesquelles les gens n'agissent en général pas de cette manière. Ils le font par précipitation ("bien lente", "courent", "passent par dessus") mais vont ainsi non seulement à l'erreur mais au ridicule.
II. L'ANNONCE DE L'ANECDOTE
En deux lignes Fontenelle annonce un exemple présenté comme historique. L'événement est situé dans l'espace et dans le temps ("Allemagne", "fin du siècle").
Sa tonalité est également suggérée par l'adverbe "plaisamment" qui semble annoncer un récit fait de manière