La Danse Africaine Du Mythe Aux Realites
Publié le 15 juillet, 2008 | 1 commentaire
Par Caroline Giguère et Lacina Coulibaly
«Que la tradition soit le torrent impétueux qui se précipite dans le monde moderne pour le bouleverser et non un lac d’eau dormante. »
Maurice Béjart
Combien de fois le danseur africain, connaissant les efforts quotidiens du travail et de la recherche nécessaires à la création chorégraphique; et l’étudiante en littérature africaine, sensible aux clichés véhiculés par l’imaginaire colonial selon lequel le Noir est associé et réduit à sa biologie n’ont pas serré les dents en entendant «Les Noirs ont le rythme dans le sang»… De Joséphine Baker à Michael Jackson, le stéréotype de l’Africain sachant danser avant de marcher n’a cessé de circuler. Selon le stéréotype, l’Africain danse: partout, tout le temps, naturellement. Nul n’est besoin de se former en danse, de s’entraîner, de répéter et encore moins de réfléchir, d’innover, de créer: la danse lui serait innée.
Mouvement perpétuel
Jean-François Renaud, Mouvement perpétuel
Certains droits réservés.
Pour Germaine Acogny, fondatrice de Jant-Bi, le Centre international de danses traditionnelles et contemporaines africaines, situé à Toubab Dialaw (Sénégal), l’idée que «la danse africaine» ne peut être enseignée constitue, avec le manque de moyens, le plus grand frein de cette discipline artistique1.
La présente contribution voudrait déconstruire certains clichés afin de montrer, d’abord, que «la danse africaine» est un art aux manifestations plurielles, qui s’apprend et s’invente perpétuellement et ensuite, qu’elle se situe actuellement au carrefour dynamique de plusieurs influences.
Du mythe aux réalités…
Dans l’imaginaire populaire, «la danse africaine» a depuis longtemps été associée, dans ses formes, à un grand déploiement d’énergie se manifestant par des sauts et acrobaties2, à une sensualité exacerbée3 par des déhanchements et mouvements du buste, ainsi qu’à son indispensable