Fraîcheur, candeur, naïveté, innocence gracieuse : sous ces traits flatteurs de femme-enfant se cache en fait une réelle et intense détermination. Agnès n’est pas «agneau» (du latin agnus), mais «pureté» (du grec agnê) ; la proximité de son et de sens entre agnus et agnê autorise toutefois cette très chrétienne confusion. Plus radicale encore qu’Agathe, Agnès, au IV ème siècle, fut brûlée vive à l’âge de treize ans pour avoir préféré le martyre à la perte de sa virginité. C’est la plus populaire de toutes les saintes Agnès de la tradition chrétienne, qui furent légion. Au profane, elle est également l’ingénue, la femme-enfant, la très candide de L’École des femmes : «Le petit chat est mort.» Mais sa fraîcheur inentamée ne lui interdit pas pour autant les fonctions royales et situations en vue. Dans la sainteté comme dans le libertinage discret, notre ingénue est toujours en faveur du côté des baptêmes : l’image de la pureté n’a pas fini d’émouvoir et de faire battre les cœurs. Parfois, si elle en parle, on ne l’arrête plus. En fait, elle est très volontaire. N’allons pas nous risquer à ses troublants babils, et n’oublions jamais que c’est elle qui décide, du feu où elle se jette comme des menus qu’elle mijote.