La culture un luxe
Que penser de cette croyance couramment soutenue, croyance en l’existence d’une nature humaine, d’une essence de l’homme indépendante du contexte social ?
On ne peut certes nier que l’homme possède des facultés innées, c’est-à-dire naturelles qui permettent de le définir comme un être pensant, parlant et fabricateur d’outils et de techniques. L’homme est bien Homo Sapiens, Homo Loquax et Homo Faber. Mais, l’homme ne réalise ses facultés, ses aptitudes naturelles que dans une forme d’organisation donnée, à la différence de l’animal, dont tous les comportements, chez lui, sont inscrit à l’avance dans le programme génétique et sont, de ce fait, héréditaires.
La preuve que l’homme ne peut vivre en dehors du contexte social, condition sans laquelle ses dispositions naturelles ne sont rien, c’est Lucien Malson qui nous la donne dans son ouvrage Les enfants sauvages 10/18. En effet, à travers ses nombreuses études cliniques d’enfants ou d’adolescents ayant vécu tout ou une partie de leur vie sans contact avec leurs congénères humains, il démontre que « le comportement chez l’homme ne doit pas à l’hérédité spécifique ce qu’il lui doit chez l’animal » (p.8).
Par exemple, un chat domestique lâché dans la nature, retrouvera d’instinct comme on dit, les comportements naturels propres à son espèce, par exemple, ses instincts de chasse, de reproduction etc. instincts qu’il n’a d’ailleurs pas totalement perdus dans sa domestication. L’être humain, au contraire, lorsqu’il est privé dès ses premières années de son environnement culturel, sera incapable de survivre, si ce n’est dans certains cas à la faveur de circonstances exceptionnelles, et restera en deçà même de l’animalité, et ce définitivement, si la société le récupère trop