La création des identités nationales europe xviii – xix siècle
Europe XVIII – XIX siècle
Anne-Marie THIESSE
Résumé
La création des identités nationales, œuvre d’Anne-Marie Thiesse, retrace de manière diachronique et thématique le lent processus de création des nations et de leur patrimoine identitaire en Europe depuis le XVIIIe siècle. L’ouvrage, découpé en trois parties, s’inscrit dans une logique européenne, comme le montrent l’introduction et la conclusion, toujours rapportées à un champ plus large que la simple étude de cas. La première partie est de loin la plus importante ; elle explique les débuts de la création des identités nationales en Europe par la détermination des ancêtres et des hauts faits d’une époque lointaine. Cette étape apparaît comme fondamentale car elle donne une légitimité historique aux revendications identitaires des nations en construction. L’intérêt pour les grandes figures ancestrales s’est vite traduit dans la littérature, qui a fait sien le combat contre la culture unique en prônant l’expression des cultures nationales. L’Europe occidentale s’est ainsi vue entraînée dans une immense entreprise de redécouverte de ses origines celtiques, gauloises ou encore gothiques. La question des langues nationales apparaît un peu plus tard, au XIXe siècle, en même temps que l’émergence de nouvelles nations, et l’imprimerie va être d’une grande influence dans la diffusion des langues vernaculaires en leur donnant une existence réelle. L’Europe va alors changer de perspective, soulignant non plus que la nation existe puisqu’elle a une langue mais que la nation existe donc qu’il lui faut une langue. Thiesse insiste sur le fait que ces Etats-nations émergents ont eu besoin du soutien international afin de se construire. Cette assistance dans la création identitaire n’a été possible que par rapport au postulat suivant : chaque élaboration de patrimoine national contribue à enrichir l’Europe. La nécessité d’avoir son identité est ainsi soulignée, et implique de ce fait