La crise de l'etat providence
L'expression « récit de vie » a été introduite en France il y a une vingtaine d'années. Jusque là le terme consacré était celui d'histoire de vie, traduction littérale de l'américain. Ce terme présentait l'inconvénient de ne pas distinguer entre l'histoire vécue par une personne et le récit que’elle pouvait en faire. Or, cette distinction est essentielle.
En sciences sociales, le récit de vie résulte d'une forme particulière d'entretien, l'entretien narratif, au cours duquel un chercheur demande à une personne de lui raconter tout ou une partie de son expérience vécue.
De nombreuses questions.
Qu'est-ce au juste un récit de vie ? Faut-il qu'il soit complet, qu'il couvre toute la vie et tous les domaines de l'existence ? Quelles sont les différences entre récit de vie et autobiographie ? Qu'est-ce qui distingue un récit de vie d'un entretien ? Un récit de vie est il autre chose qu’une reconstruction subjective de l'expérience vécue ? Que valent les descriptions de contextes sociaux proposés par les sujets ? Combien faut-il en recueillir ?
I. Du récit de vie
1. Conception du récit de vie.
1.1 L'impasse de la conception maximaliste.
La simple mention des termes récit de vie évoque aussitôt l'image d'un récit de vie complet, c'est-à-dire traitant de la totalité de l'histoire d'un sujet.
Il commencerait par la naissance, voire par l'histoire des parents. Il couvrirait toute l'histoire de la vie du sujet.
Cette représentation totale, c'est en fait celle de l'autobiographie écrite.
1.2 Le récit de vie comme forme narrative.
La conception que nous proposons consiste à considérer qu'il y a du récit de vie dès lors un sujet raconte à une autre personne un épisode quelconque de son expérience vécue. Le verbe « raconter » est essentiel : il signifie que la production discursive du sujet a pris la forme narrative.
Cette forme n'exclut pas l'insertion d'autres formes de