La contraception avant la légalisation
Aujourd'hui, le quarantième anniversaire de cette loi est l'occasion de rappeler le passé parfois douloureux de la vie intime de nos mères et grand-mères et les transformations engendrées par la révolution contraceptive de 1967. On ne peut s'empêcher aussi, comme le fait l'Institut national d'études démographiques (Ined) dans sa dernière livraison de la revue Population et sociétés, de s'inquiéter encore des 211 000 avortements qui se produisent chaque année dans notre pays.
Souvent, l'évolution législative d'un pays est liée à la rencontre entre un homme ou un groupe politique et un large mouvement de société. L'homme politique a la lucidité d'accompagner au plan légal une transformation déjà acquise des esprits et des mentalités. En 1954, la pilule contraceptive est testée pour la première fois chez des jeunes femmes à Porto Rico, avec des résultats concluants. En 1960, les premières pilules sont commercialisées sur le marché américain. En France, à la même époque, les avortements clandestins, avec aiguille à tricoter ou autre fil de fer, se multiplient. On en compte jusqu'à 600 000 par an, et ils causent des centaines de décès. À l'initiative d'Évelyne Sullerot et de Marie-Andrée Weill-Hallé, le Mouvement français pour le planning familial est lancé en 1960, porté par les progrès scientifiques et le féminisme.
Comment un homme proche du général de Gaulle, a-t-il pu s'investir si tôt et avec autant de détermination dans ce combat pour la contraception ? «Lorsque je suis devenu conseiller municipal de