La consommation alimentaire à l'épreuve de la crise
La consommation alimentaire des Français n’est pas épargnée par la crise économique actuelle : son volume en est affecté et encore plus sa structure. Certains produits sont sacrifiés, d’autres privilégiés et plus généralement les comportements d’achat se transforment. Par exemple, la fréquentation des magasins de hard discount et des enseignes spécialisées dans le déstockage progresse. Ces tendances sont-elles conjoncturelles et s’inverseront-elles avec la fin de la crise, ou bien dessinent-elles un nouveau profil de la consommation alimentaire ? Que signifierait leur prolongation à l’horizon 2020 ? Le risque d’accroissement des inégalités alimentaires n’est pas à exclure, avec des conséquences sanitaires importantes (augmentation de l’obésité notamment). Quel que soit le scénario, des politiques seront et sont déjà nécessaires pour lutter contre les effets néfastes que les contraintes économiques font peser sur l’alimentation des plus défavorisés. Plusieurs leviers d’action existent, ils précisent ce qui pourrait être demain une véritable politique de l’alimentation. vant même le déclenchement de la crise financière, l’augmentation du prix des denrées avait provoqué l’érosion, ou plus exactement le sentiment d’érosion1, du pouvoir d’achat alimentaire des consommateurs français : en novembre 2008, plus de deux tiers d’entre eux estimaient que leur pouvoir d’achat avait baissé depuis un an, 36 % considérant même qu’il avait « beaucoup » diminué2. Même si la crise actuelle ne touche pas directement toute la population, les craintes sont partagées, ce qui affecte la consommation alimentaire : près de la moitié des ménages affirment avoir changé leurs habitudes alimentaires depuis un an. Cette proportion grimpe à 71 % chez les ménages pauvres3. Ces changements sont plus durement ressentis par certaines catégories sociales : près d’un chômeur sur deux, 44 % des familles monoparentales ainsi qu’un tiers des jeunes et