La confrérie de issawa
La confrérie des Issawa a été constituée à l'origine par les disciples de Sidi Mohamed Ben Aissa, un saint homme également nommé Cheikh al- Kamel (le Parfait), disparu en 1526. On raconte qu'à sa mort, l'un des disciples bouleversé se mit en transe et lacéra ses vêtements et son corps. Dans cet état, il alla jusquà dévorer crus un mouton et une chèvre. Cette légende est à l'origine de deux pratiques fondamentales de la confrérie : la hadra (pratique collective de la transe) et la frissa, particulière aux Issawa, qui consiste à dévorer un animal vivant.
A l'instar des autres mouvements confrériques nés au XVe et XVIe siècles, la communauté issawia tire ses sources de la tradition soufie et lors de sa création, elle se chargeait de l'éducation des "muridin" (volontaires) dont la principale activité consistait à lire et à réciter le Coran. Après la mort de Cheikh al-Kamel, maître spirituel et auteur d'une anthologie de textes religieux, ses disciples ont étendu leurs activités, associant à la psalmodie , aux implorations de pardon et aux hymnes à la gloire du Prophète, certaines pratiques gestuelles accompagnées de musique aboutissant au ravissement et à la transe. S'y sont ajoutèes occasionnellement diverses pratiques spectaculaires, en vigueur également chez d'autres confréries: absorption de poison, exposition au feu, perforation de diverses parties du corps avec des broches et des épées
Plusieurs circonstances religieuses ou sociales offrent l'occasion de célébrer le cérémonial issawa : les moussems, le mawled (anniversaire de naissance du Prophète), les réunions du vendredi après la prière du âsr, les mariages, les naissances et circoncisions. Les fidèles peuvent aussi se rassembler juste pour communier et se purifier. Cependant la saison de célébration du culte de Cheikh Al-Kamel demeure la principale opportunité de regrouper tous les adeptes, ceux des villes comme ceux des campagnes, ainsi que ceux qui sont éparpillés dans le