La commune et le mouvement ouvrier
Introduction
Cet article est une transcription d’une communication dans le cadre d’un colloque universitaire organisé à l’ occasion du 100e anniversaire de la Commune publié par la revue « Le Mouvement Social » en avril 1971 (n°79).
L’ auteur, Georges Haupt, est un spécialiste de la IIème internationale ; sa principale contribution réside dans l’élaboration de répertoires de sources concernant l’histoire du mouvement ouvrier et la publication de textes inédits, notamment de grandes figures du mouvement ouvrier. D’origine roumaine, il fait des études d’histoire sous le régime stalinien et travaille, jusqu’ en 1958, historien officiel dans son pays. Marqué par le XXe congrès du PCUS en 56, il décide de demander l’asile politique à la France, où il devient par la suite directeur des Hautes Etudes en sciences sociales.
Son propos est, ici, de faire écho à la thèse selon laquelle la commune ne serait qu’une légende, ce à quoi il répond : « La « légende » a été aussi importante pour l’histoire du mouvement ouvrier que «l’évène- ment commune » ». Pour l’auteur, l’histoire du mouvement ouvrier joue un rôle très important dans son propre développement, ce dont témoigne la Commune.
Il décompose cette « légende »en 2 notions : le symbole, soit l’image inscrite dans les mentalités collectives et l’exemple, soit les efforts pour tirer des conclusions théoriques des évènements en vue de l’action sur le terrain.
I. La Commune comme «symbole » : une représentation idéalisée, pourquoi ?
La Commune constitue une prise de conscience pour le mouvement ouvrier qui sait être dorénavant en mesure de prendre le pouvoir, de constituer un gouvernement ouvrier ; elle lui fournit une légitimation et est source de motivation pour mobiliser les masses populaires. Cette représentation dans la conscience populaire est qualifiée de « sainte tradition » par R.Luxembourg.
Néanmoins elle n’est pas qu’un produit de