L'étude du tableau La clé des songes fait suite à l’analyse du poème d’Henri Michaux, « Le Grand combat ». Ce tableau propose six petits encadrés dans lesquels sont représentés des objets : un œuf, une chaussure, un chapeau, une bougie, un verre, un marteau. L’ensemble du tableau ressemble à une fenêtre, à cause l’encadrement de la toile. On peut aussi penser à un tableau noir d’école, d’autant que les écrits sont en blancs, comme s’ils étaient notés à la craie, et l’écriture liée fait très scolaire, comme s’il s’agissait d’une leçon. Les objets représentés n’ont pas leur signification habituelle : à chaque objet correspond une légende qui ne définit pas l’objet (ex : à la représentation de la chaussure est donné le titre « la lune ».). Le nom qu’on donne aux choses est parfois aléatoire, on nous enseigne le langage à travers la représentation de ce que l’on voit. Mais l’image mentale, la représentation qu’on se fait des objets, dépend du contexte. On trouverait d’autres mots dans une langue étrangère. Pour reprendre une phrase de Magritte "Parfois les noms (...) désignent des choses précises et les images, des choses vagues" Dans la peinture de Magritte, l’image (le signifié) ne correspond pas toujours à l’idée (le mot, le signifiant). Magritte exploite des possibilités poétiques comme l’association, le remplacement, d’un mot avec l’objet qu’il est censé désigner : « Un objet ne tient pas tellement à son nom qu’on ne puisse lui en trouver un autre qui lui convienne mieux », disait Magritte. Il s’inscrit, à travers ces pratiques, dans le mouvement surréaliste.
Si on se réfère au titre, La Clé des songes, on peut penser que les six tableaux sont une fenêtre ouverte sur le monde des rêves, dans lequel la signification des objets serait chamboulée. Cela apporte une valeur poétique au