La cambrioleuse
Objectifs : Révision du schéma narratif et schéma actantiel. le comique du fabliau le participe présent
Le Vilain de Farbus
Seigneurs, un jour du temps jadis, il arriva qu'un vilain de Farbus[1] devait aller au marché ; sa femme lui avait donné cinq deniers et quelques mailles[2] pour les employer ainsi que vous allez m'entendre le raconter : trois mailles pour un râteau, deux deniers pour un gâteau qu'elle voulait tout chaud et croustillant, et trois deniers pour ses dépenses. Elle mit cet argent dans sa bourse* et, avant que de le laisser partir, elle lui fit le décompte de ses dépenses : un denier tout rond pour des petits pâtés et de la cervoise[3], compta-t-elle, et deux deniers pour le pain, ce serait suffisant pour son fils et lui. Alors le vilain sort par la porte du jardin et se met en route. Il emmène avec lui son fils Robin pour l'initier* à la vie et aux coutumes du marché.
Au marché, devant une forge, un forgeron avait laissé traîner, comme s'il était à l'abandon, un fer encore chaud pour tromper les fourbes et les niais qui, souvent, s'y laissaient prendre. Le vilain, en l'apercevant, déclara tout de go[4] à son fils qu'un fer était une bonne aubaine. Robin s'agenouilla près du fer, et le mouilla en crachant dessus : le fer, qui était chaud, se mit à bouillir avec une grande effervescence. Quand Robin vit le fer aussi chaud, il se garda bien de le toucher et s'en alla en le laissant en place. Le vilain, qui était ignorant, lui demanda pourquoi il ne l'avait pas pris.
« Parce qu'il était encore tout brûlant, le fer que vous aviez trouvé ! Comment t'en es-tu rendu compte ? Parce que j'ai craché dessus et qu'il s'est mis immédiatement à frire et à bouillir ; or il n'y a sous le ciel aucun fer chaud qui, si on le mouille, ne se mette à bouillir : c'est ainsi qu'on peut le savoir. Eh bien, tu m'as appris là une chose que j'apprécie beaucoup, fit le vilain, car souvent je