La bête humaine
« […] son départ de bête carnassière, en quête de sang. »
« Mais, dans ses bras, maintenant, l’affreux mal le reprenait, un tel vertige, qu’il s’en dégagé vite, glacé, terrifié de n’être plus lui, de sentir la bête prête à mordre. »
« Une clameur de foule, dans son crâne, l’empêchait d’entendre ; tandis que des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l’autre, la bête envahissante. »
« Il entendait un reniflement de bête, grognement de sanglier, rugissement de lion ; et il se tranquillisa, c’était lui qui soufflait. »
« Cet homme que, depuis des mois, épargnaient les scrupules de son éducation, les idées d’humanité lentement acquises et transmises, il n’avait pu l’attendre ; et, au mépris de son intérêt, il venait d’être emporté par l’hérédité de violence, par ce besoin de meurtre qui, dans les forêts premières, jetait la bête sur la bête. »
« Depuis qu’il avait quitté la chambre, avec ce couteau, ce n’était plus lui qui agissait, mais l’autre, celui qu’il avait senti si fréquemment s’agiter au fond de son être, cet inconnu venu de très loin, brûlé de la soif héréditaire du meurtre. »
« Est-ce que, dans les bois, si deux loups se rencontrent, lorsqu’une louve est là, le plus solide ne se débarrasse pas de l’autre, d’un coup de gueule ? »
« En lui, l’homme civilisé se révoltait, la force acquise de l’éducation, le lent et indestructible échafaudage des idées transmises. »
« […] mais sa mâchoire inférieure avançait tellement, dans une sorte de coup de gueule, qu’il s’en trouvait défiguré. »
« Était-ce sa soif qui était revenue, de venger des offenses très anciennes, dont il aurait perdu l’exacte mémoire, cette rancune amassée de mâle en mâle, depuis la première tromperie au fond des