La bruyere remarque 62
'ambition ( remarques 61 à 73) est le sentiment qui anime tous les courtisans et qui conditionne tous leurs faits et gestes. Empressés, ils sont et vont partout où ils peuvent être vus. Certains sont plus habiles et plus sournois que d'autres, tel Théodote qui cache bien son jeu. Au nom de l'ambition, les courtisans sacrifient tout. Ils jouent un rôle envers eux-mêmes et envers les autres : tout est calculé, tout n'est qu'affectation, rien n'est vrai ni naturel.
Les courtisans doivent être des acteurs assidus et appliqués, bien savoir leur rôle pour ne pas être perdants. La métaphore du jeu d'échecs et celle de l'horloge font des courtisans des pantins mécaniques manipulés. Ainsi la cour est-elle le lieu de l'illusion mais le spectateur lucide se rend compte que derrière ces
" fausses joies" se cachent des tourments. La Bruyère constate que les courtisans sont malheureux et que la sagesse voudrait que l'homme reste en repos, loin des tracas et des turbulences de la cour. Pour être heureux rien ne sert de courir après d'hypothétiques honneurs. En présentant le courtisan comme esclave de son ambition, La Bruyère veut insister sur l'avilissement des courtisans et sur leur responsabilité : ils perdent leur temps, leur vie et leur bonheur et ne s'en rendent pas compte : ils sont dupes d'eux-mêmes, et tellement obsédés par leur ambition qu'ils en deviennent