La belle matineuse de voiture
Le poème de Vincent Voiture vient ici développer, dans la forme du sonnet, le thème de l’apparition féminine qui éblouit. Nous verrons alors comment se développe l’éloge de la femme, de l’amante qui ensorcelle.
La Belle Matineuse
Des portes du matin l’Amante de Céphale,
Ses roses épandait dans le milieu des airs,
Et jetait sur les cieux nouvellement ouverts
Ces traits d’or et d’azur qu’en naissant elle étale,
Quand la Nymphe divine, à mon repos fatale,
Apparut, et brilla de tant d’attraits divers,
Qu’il semblait qu’elle seule éclairait l’Univers
Et remplissait de feux la rive Orientale.
Le Soleil se hâtant pour la gloire des Cieux
Vint opposer sa flamme à l’éclat de ses yeux,
Et prit tous les rayons dont l’Olympe se dore.
L’Onde, la terre et l’air s’allumaient alentour
Mais auprès de Philis on le prit pour l’Aurore,
Et l’on crut que Philis était l’astre du jour.
Premier quatrain
D’emblée, à travers la périphrase "l’Amante de Céphale", se pose le contexte amoureux.
L’amante de Céphale, prince Thessalien, désigne Eos, la déesse de l’Aurore, Tétanide soeur d’Hélios, le Soleil, donc l’Aurore elle-même.
Cette périphrase est également l’occasion de présenter le monde, l’univers comme animé, personnifié, selon le mode mythologique. Une déesse est aussi un élément naturel, et un moment, de l’univers.
Pour bien comprendre les deux premiers vers, il faut noter l’inversion poétique du complément "ses roses" avec le verbe "épandait" et la mise en premier d’un complément circonstanciel de temps mais jouant sur une métaphore de lieu "les portes du matin" pour désigner l’aurore elle-même : l’Amante de Céphale épandait,