L'Occident à travers le monde
C’est comme cela, en face, que nous sommes aujourd’hui conviés à regarder cette question. Au fond, c’est celle – immense et redoutable – de l’universel. Depuis les Lumières, elle hante l’histoire du monde. C’est une question maudite. Elle alimente quiproquos et malentendus. Elle brouille les catégories, subvertit les positions politiques ou religieuses, fait dorénavant lever fantasmes et intolérances. Elle nourrit également des symétries simplificatrices : l’universel opposé au particulier, l’aspiration au même congédiant la singularité, l’internationalisme planétaire substitué au chauvinisme identitaire, l’aventure de l’esprit contre l’enracinement naturaliste, la morale mondiale – et bientôt le droit mondial – contre la pluralité des valeurs, etc. Derrière ces dualismes querelleurs, la même question se trouve bel et bien posée. Elle peut être formulée en peu de mots : pouvons-nous trouver dans l’héritage des Lumières un principe d’humanité, quelques valeurs d’essence supérieure capables de transcender les différences de race, de culture ou d’expérience historique pour définir notre commune humanité ? Ces valeurs doivent-elles l’emporter sur les coutumes locales et les traditions particulières ?
C’est avec loyauté et mesure que les héritiers des Lumières que nous sommes doivent répondre à cette interrogation majeure. On pourrait même ajouter : avec modestie. En effet, il s’agit d’éviter deux erreurs qui sont