La plus importante des civilisations indianisées du Sud-Est asiatique est celle des khmers qui a vu le jour sur le territoire du Cambodge actuel. Au cœur de l’Indochine, le Cambodge participe de la double influence à laquelle la péninsule doit son nom : l’Inde et la Chine. L’époque historique ne débute d’ailleurs qu’avec l’entrée en scène de ces deux grandes puissances. En effet, ce royaume, nommé Fou-nan par les Chinois, entre le Bassac et le golfe de Siam, élabore, dès le Ier siècle de notre ère, une culture particulière, où bien des traits trahissent une influence de l’Inde. C’est le cas en particulier pour les techniques agricoles et la création de rizières irriguées dans la région du delta. Ce mode de culture du riz, mis au point en Inde depuis des siècles, vaudra au Fou-nan une prospérité qui lui permettra, dès le IIe siècle, d’étendre son influence sur la plus grande partie de l’Indochine, du sud de la Birmanie à la Malaisie. Au Vie siècle de notre ère, l’empire founanais se désagrège. Sur ses ruines va naître le Tchen-la qui hérite de l’art et des techniques indianisés du Fou-nan. C’est le royaume des Kambujas, ou Khmers. Sa capitale, Sambor Prei Kuk, est fondée en 616, et marque les origines de l’architecture khmère. Le Grand-Lac cambodgien aura des conséquences tant sur l’agriculture que sur l’architecture. En effet, son caractère de pulsion du niveau des eaux donnera naissance à la première agriculture khmère, celle du riz flottant. Grâce à ce lac, le riz et le poisson constituent les ressources fondamentales de la plaine angkorienne. L’exploitation des essences rares de la forêt tropicale et des produits exotiques devait compléter l’intérêt que revêtait ce pays pour les commerçants indiens. L’apport qui se reconnaît le mieux et qui fait de l’Inde le véritable moteur du monde khmer se situe au niveau des créations artistiques et architecturales. Le vocabulaire de base est directement inspiré de modèles bouddhiques ou hindous, tant dans la sculpture que