Keynes
Pierre Lévy
1 – La détermination du taux d’intérêt et la préférence pour la liquidité
Comme prix de la monnaie, le taux d’intérêt (r) dépend de l’offre de monnaie M0 et de la demande de monnaie Md. L’offre est fixée par les autorités monétaires de façon exogène sous la forme d’une quantité de monnaie offerte quelles que soient les conditions du marché de la monnaie.
La demande de monnaie est faite de deux composantes : * La demande pour motif de transactions M1d, qui renvoie à la fonction d’intermédiaire des échanges de la monnaie. Cette demande dépend donc du volume des transactions qu’on peut estimer proportionnel au revenu global Y. * La demande pour motif de spéculation M2d, qui renvoie à la fonction de réserve de valeur de la monnaie. Cette demande résulte donc des arbitrages des agents économiques notamment concernant l’affectation de l’épargne (ou plus largement du patrimoine) : faut-il préférer un placement rémunéré ou la thésaurisation. Si certains agents thésaurisent, cette détention de monnaie équivaut à une demande. D’après les (néo-)classiques, il n’y aurait pas lieu de thésauriser car cette option ne rapporte rien. Keynes va néanmoins montrer que, si on prend en compte l’incertitude sur le futur, il peut être rationnel de préférer, dans certains cas, la thésaurisation au placement.
Pour exposer ce raisonnement, on peut limiter les options possibles soit au placement (représenté par l’achat d’obligations qui rapporte un taux d’intérêt fixe r chaque année) soit à la thésaurisation.
Si le taux d’intérêt de la période actuelle r1 vaut par exemple 5%, cela veut dire qu’on peut acheter des obligations (emprunts d’Etat par exemple) nouvellement émises à ce taux-là. Supposons que chaque obligation nouvelle est de 100 € pièce. Tant qu’on conserve ces obligations, on reçoit 5% chaque année, c’est-à-dire en fait qu’on « découpe » un coupon annuel qui vaut 5 € (comme un timbre à 5 €). On aura donc un revenu annuel de 5