Kennedy/obama
Un matin glacial de janvier. Dans la rue, une vieille femme aborde le candidat : «Tu t'es lancé trop tôt dans la course, mon garçon, trop tôt.» L'homme n'hésite pas : «Non, c'est mon heure. Oui, il en est sûr, c'est son heure malgré ses adversaires qui répètent qu'«il ne ferait pas un bon président», qu'«il est trop jeune» ou «trop inexpérimenté». Malgré certains journalistes qui fulminent devant le côté outrageusement people de sa campagne : «Il cherche à se faire élire au plus haut poste non comme politicien, mais comme célébrité. Il est le seul homme politique dont les femmes parlent chez leur coiffeur.» Le candidat se moque des sceptiques. Il émaille sans relâche sa campagne de discours qui font palpiter les foules : «La «Nouvelle Frontière» n'est pas un ensemble de promesses, mais de défis. Elle ne résume pas ce que je veux offrir aux Américains, mais ce que j'ai l'intention de leur demander...»
Barack Obama ? Non, John F. Kennedy en campagne. C'était il y a presque cinquante ans, quand un jeune sénateur du Massachusetts s'apprêtait à devenir le président le plus charismatique de l'histoire américaine... Obama-Kennedy, le parallèle est facile, mais il n'est pas gratuit : comme en 1960, le monde entier se passionne pour un candidat qui offre à son tour une «nouvelle frontière» à conquérir. Comme il y a un demi-siècle, les Etats-Unis sont subjugués par un politicien pas comme les autres, et se demandent à quelle aune juger un homme nouveau, inclassable : aux yeux des démocrates traditionnels, «Kennedy semblait trop cool et ambitieux, indifférent aux