Kass
Il se leva, tendit le cou vers Barbançon qui, derrière son bureau, se tenait les côtes. Il cria à pleine voix : - Salaud !
Dans un étonnant silence, tous les commis se figèrent. Florentin se fâchait ! Pas possible ! Leur regard allait de ce gringalet, blême et grelottant de rage, à l’épais Brabançon qui suffoquait de stupeur. On s’attendit à quelque chose de décisif. Dutourneau cessa d’écrire. Lamarnière qui se trouvait sur l’escabeau, à la hauteur des registres de correspondance, posa le dossier qu’il tenait dans ses mains et s’assit sur un échelon pour mieux voir. Alors, Brabançon se leva, lentement, avec une sorte de majesté. Son buste se développa, ses bras s’allongèrent et il apparut, massif, pesant et velu. Du pied, il repoussa sa chaise, contourna la table et avança, le mufle tendu, vers Florentin.
Celui-ci sentit une épouvante folle l’envahir. Il eût voulu parler, demander pardon, mais sa gorge se serrait. Jamais Brabançon ne lui était apparu si grand et si redoutable. Brusquement, il fit un bond, ouvrit la porte, la claqua derrière lui et, sans réfléchir, traversa le couloir et s’engouffra dans l’escalier.
La vie du ministère paraissait arrêtée. Le tiède après-midi engourdissant chacun dans les bureaux clos et malodorants. Personne sous le porche. Florentin se trouva dans la rue, désemparé. Instinctivement, il tourna à droite, comme il faisait tous les jours pour rentrer chez lui. C’est