Jean prouvé
Jean Prouvé a traversé la presque totalité de ce siècle en restant en permanence en état de recherche. La maison qu'il s'est construite, en 1954, sur les collines dominant Nancy en est un témoignage. Prouvé occupait une place unique dans le milieu architectural; il était arrivé à maîtriser la fabrication, la réalité même de l'objet architectural. Sa pensée est une pensée active, elle s'exprime en terme d'économie, elle parle de la naissance des formes, jamais de l'objet fini. Prouvé n'était pas un architecte engagé dans l'entreprise comme ont pu l'être Le Corbusier ou le nancéien Henri Gutton, ni un entrepreneur faisant de l'architecture.
Il était l'homme moderne. Celui qui pensait que progrès sociaux et progrès techniques sont liés, celui pour qui la recherche est un mode de vie. La modernité de Prouvé c'est son combat permanent pour une nouveauté authentique, substantielle. La remarque : "c'est trop moderne pour nous", émanant de la direction de Citroën lors de la présentation d'un projet de Prouvé est emblématique d'une certaine pensée industrielle. Moderniser l'a. Prouvé dénonçait le maintien de l'enseignement loin de la connaissance de la matière. Elle était pour lui la substance de l'architecture. De cette matière il avait une vision fine, savante; de sa transformation, une vision sophistiquée.
L'oeuvre de Jean Prouvé a une force qui nous est révélée immédiatement. On l'observe "comme on lit un texte", à cette différence près que très souvent l'analyse d'un texte a recours à des procédures de décryptage sophistiquées pour en percer les secrets. L'oeuvre de Prouvé, au contraire, est étonnamment limpide, elle s'apprécie du premier coup d'oeil, elle travaille dans cette zone du visible que l'on pourrait appeler son éclat. A être trop visible, beaucoup ne l'y ont pas vue. Nous parlerons de l'une de ses oeuvres les plus exemplaires, sa maison particulière.
On ne dit rien de très original si on envisage cette maison comme une