Jean anouilh et antigone
C'est en pleine Occupation allemande qu'est créée Antigone, le 4 février 1944 au théâtre de l'Atelier dans une mise en scène d'André Barsacq. Bien qu'il n'ait officiellement pris position ni pour la Collaboration ni pour la Résistance, Anouilh a écrit par la suite : « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre » . Inspiré du mythe antique, mais en rupture avec la tradition de la tragédie grecque, le personnage d’Antigone (interprété par Monelle Valentin) devient l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois édictées par Créon / Pétain qu'elle juge iniques. Alors que la première est un échec, Antigone deviendra avec le temps l'œuvre la plus emblématique (et la plus jouée) de l'auteur. À la Libération, Anouilh s'érige contre l'épuration. Tentant de sauver la tête de Robert Brasillach, au même titre que 50 personnalités dont Albert Camus, François Mauriac, Paul Valéry ou Colette, il écrit en 1945 : « J'avoue avoir une certaine compassion pour les vaincus et redoute les excès de l'épuration ». Des écrits plus tardifs exprimeront ce même