Je vous envoie un bouquet
[Introduction] Le sonnet : « je vous envoie un bouquet… », fait partie des pièces retranchées des Amours après avoir figuré dans le recueil Continuation des Amours. Ronsard avait 31 ans lorsqu’il s’éprit d’une jeune paysanne de Bourgueil, Marie Dupin. Il se consacre dans ce recueil à chanter la beauté de cette humble et modeste jeune fille. Ce poème frappe immédiatement comme une très heureuse illustration du lyrisme intime. Il s’ouvre sur un geste des plus galants et des plus délicats : l’envoi des fleurs. Mais ces fleurs semblent être un prétexte ou un symbole à travers lequel le poète s’attache à faire partager à Marie sa condition dramatique de la brièveté de la vie pour l’amener enfin à accepter son appel à l’amour. Ce sonnet se présente donc comme un poème à double visée argumentative et épicurienne. Pour cela, il serait intéressant d’observer d’abord le jeu des pronoms puis d’étudier les moyens par lesquels Ronsard exploite la similitude des destinées des fleurs et de la jeune fille, d’éclaircir sa réflexion sur l’existence de la mort et de la vie.
[Le jeu des pronoms] Dans ce sonnet, il s’agit d’un discours amoureux qu’adresse le poète à la jeune fille. Le lien entre les deux personnages s’exprime par le jeu des pronoms qui définit la situation de communication :
« Je (v.1) ; Moi (v.14) » / « Vous (v.1,5 et V.14 : « aimez-moi ») » / « Nous (v.10,12) ».
-Le « je » désigne le locuteur, le poète galant, courtois.
-Le « vous », pluriel de politesse, la jeune fille, destinataire du bouquet et du sonnet ainsi que l’appel a l’amour (v.14).
-ces deux pronoms ce fusionnent dans « nous » exprime deux fois. Ce « nous » associe la jeune fille à l’expérience de « je ». Il englobe peut-être aussi l’ensemble de l’humanité, prenant ainsi une valeur générale ; de cette façon la réalité de la menace de mort qui pèse sur la jeune femme est en quelque sorte garantie par le fait qu’elle est partagée.
-L’observation des