Je tremble (1 et 2)
« Je tremble (1 et 2) », de Joël Pommerat (critique d’Audrey Chazelle), Opéra-Théâtre, Festival d’Avignon
L’exubérance du mal-être Joël Pommerat vous apporte sur un plateau un immense cabaret, où se joue le spectacle de la vie dans tout ce qu’elle a de plus pathétique. Un homme, qui s’interroge sur le regard que les autres porteront sur lui une fois mort, animera votre soirée. Avec l’art et la manière de le faire, ce grand dramaturge contemporain va au bout de son acte, affichant l’exubérance du mal-être de ces personnages de foire sur la scène de l’Opéra-Théâtre d’Avignon. « Je tremble », en deux épisodes, est un des spectacles de sa trilogie, avec « Au monde » et « les Marchands ». « Écoutez-moi bien de tous vos yeux ». Ainsi commence le spectacle du démiurge tremblant devant l’avenir… Pommerat s’attaque ici au monde envahissant et fascinant de l’image, qui nous avale aujourd’hui. L’auteur et le metteur en scène recrache alors toute la violence que ce drôle de monde enferme. Avec un cynisme des plus aiguisés, le héros de la pièce orchestre le défilé de ceux qui viennent témoigner pour exorciser leur souffrance. Une fois mort, il lui sera plus facile de prendre du recul sur ce bas-monde. Alors, il notifie au spectateur sa mort imminente. « L’homme qui n’existe pas » vous parle… Dieu ? Je n’en crois pas mes oreilles ! Mais ce sont bien sûr à mes yeux que l’on s’adresse. J’avais presque oublié tant ce double jeu-je devient vite déstabilisant.
© Élisabeth Carecchio « En attendant, il faut pleurer de rire » nous garantit le chef de cérémonie devant ce grand rideau pailleté, rouge sang. Une ambiance de cabaret, des strass et des paillettes pour renforcer l’illusion théâtrale et retenir notre attention sur le spectacle de la gravité empruntée au réel. La narration biographique, vécue ou fantasmée, illustrée par des personnages anormalement normaux, prend une dimension de récit légendaire. « Où sont les