Je suis moi
Il semble que l'inspiration de Matisse lui soit parvenue en observant des pêcheurs et des paysans sur une plage en train de danser le "sardana", danse catalane à plusieurs participants formant un cercle, d'où la disposition des personnages dans notre œuvre.
L'objectif du peintre n'était donc pas d'identifier les personnages qu'il peignait, ils restent imaginaires, mais d'exprimer le dynamisme de l'ensemble et la progression du mouvement collectif à travers le travail des lignes et des couleurs. C'est ainsi que les différentes lignes qui forment les silhouettes simplifiées des danseurs dessinent un mouvement rythmé des corps : aux lignes fermes du personnage ayant la tête baissé, d'attitude recroquevillé, succède la grâce et l'élancement du danseur de gauche formé d'une ligne extérieure courbe et ample. Cette ligne ferme d'ailleurs celle formée par l'ensemble des danseurs.
Le personnage central au premier plan est représenté de manière différente des autres : peint avec des lignes diagonales, allongées, elles donnent l'impression de casser l'horizontalité des autres danseurs. De plus, ce personnage est le seul à ne pas joindre le groupe d'où l'effleurement de la main de son partenaire de gauche mais il n'est pas pour autant exclus de l'ensemble. C'est ainsi que les différentes expressions ou positions de chacun forment l'unité d'un même groupe uni dans une sorte d'enivrement collectif né de la musique.
La retranscription de l'énergie dégagée par les danseurs est également mise en valeur par l'impression d'absorption des personnages dans leurs univers, les visages sont cachés, les têtes baisées, de profil ou vue de dos. Seuls l'un des danseurs nous offre un