je sais pas
( Introduction longue )
Des vents mauvais, venant de toutes directions, soufflent sur l'Etat, dans notre partie du monde qui l'a vu naître. Trop dispendieux, surendetté même, sous son habillage de Welfare State. Trop pesant et lent à réagir pour les esprits qui veulent vivre au temps de l'entreprise. Pas assez malléable aux desiderata éclatés des particuliers ou des lobbies. Déjà, des pressions centrifuges avaient affaibli l'unité de certains Etats , avec la bénédiction de Bruxelles qui encourage en sous-main l'autonomie des entités régionales : la Catalogne est un acteur politique qui a quasiment tourné le dos à Madrid ; certaines régions italiennes rechignent à fêter le 150 ème de l'unité, en cette année 2011 ; la Belgique est au bord de la scission. Dans sa valse-hésitation entre une confédération et une fédération, la construction de ce « quelque chose » qui s'appelle Union Européenne, coagulant 27 Etats, a réclamé desdits Etats des cessions importantes de souveraineté, cessions que les plus doctrinaires voudraient voir irréversibles. Démembré parfois par des collectivités territoriales, raboté par des lieux de décision (pudiquement nommés « gouvernance ») supra-étatiques, contesté dans ses missions par des organismes qui prennent soin de se baptiser non-gouvernementaux, combattu et méprisé par ces mafias et contre-sociétés qui prospèrent aux dépens de sa faiblesse, enjambé et instrumentalisé par les courants économiques et financiers, l'Etat doit être défendu, peut-être plus que jamais, contre les oublieux et les ingrats que nous sommes. Ne lui doit-on pas l'apaisement des guerres de religion qui ravageaient l'Europe moderne ? La carte du repli de l'esclavage ne coïncide-t-elle pas, en gros, avec celle des avancées de l'Etat, comme forme privilégiée de l'organisation politique, dans un trajet d'Ouest en Est ? Le peu de dignité et de protection sociale acquis en quelques générations,