Jacques cazotte, ollivier, aventure du pèlerin, 1763
- II n'est cependant pas, répondit le pèlerin, couvert de toute la poussière qu'il a fait voler.
- Vous avez dû voir, poursuivit Roger, et apprendre bien des choses dans vos voyages ?
- J'ai vu, repartit le pèlerin, beaucoup de gens qui s'inquiétaient de peu. J'ai appris à ne pas me rebuter d'un premier refus. Je vous prie donc encore de vouloir m'enseigner la route qu'il faut que je prenne; car la nuit vient, et je dois penser à mon gîte.
- Connaissez-vous quelqu'un à Naples ? demanda le Roi. - Non, répondit le pèlerin. - Vous n'êtes donc pas sûr, poursuivit le Roi, d'y être bien reçu ? - Au moins suis-je sûr, dit le pèlerin, de pardonner le mauvais accueil à ceux qui me l'auront fait sans me connaître; mais la nuit vient, où est le chemin de Naples ?
- Si je suis égaré comme vous, dit Roger, comment pourrais-je vous l'indiquer ? Le mieux est que nous le cherchions de compagnie.
- Cela serait à merveille, dit le pèlerin, si vous n'étiez pas à cheval ; mais je retarderais trop votre marche ; ou vous presseriez trop la mienne.
- Vous avez raison, dit Roger, il faut que tout soit égal entre nous, puisque nous courons même fortune. » Sur ce propos il descend de cheval, et le voilà côte à côte avec le pèlerin. « Devineriez-vous avec qui vous êtes ? dit-il à son compagnon.
- A peu près, répondit celui-ci; je vois bien que je suis avec un homme.
- Mais, insista Roger, pensez-vous être en sûreté dans ma compagnie ?
- J'attends tout des honnêtes gens, reprit le pèlerin, et suis sans appréhension des voleurs.
- Croiriez-vous, ajouta Roger, que vous êtes avec le Roi de Naples ?
- J'en ai