JETINUE DE NE PAS MOUROUR
Mais très vite, s’est dessiné le destin du livre, qui ne pouvait pas être aussi léger que Carrère a pu le souhaiter. Le résultat de deux ans de travail est donc une sorte de chronique introspective où il s’observe lucidement, présentant avec autodérision son personnage antipathique en tous points. Il évite la tournure égocentrique qu’aurait pu prendre le récit et malgré la singularité du narrateur, qui est parfois cynique et impudent, on ne peut s’empêcher de s'identifier un peu à lui, à son histoire. Cette histoire, c’est principalement celle de l’auteur, qu’il a romancé et à laquelle il a ajouté des éléments, des artifices, des personnages. Mais on sent bien la part de vérité quand elle y est, et Emmanuel Carrère ne le cache pas, c’est sa vie qu’il relate …afficher plus de contenu…
Pendant la méditation, il faut savoir qu’elles sont là et essayer de les laisser flotter sans être affecté par leur présence. Le livre est à l’image d’une séance de méditation, un flux de pensées brut. Il est mélange de réminiscences, observations, sensations, sentiments. On erre avec l’écrivain entre les lignes de son récit qui, parfois, paraissent décousues. On est perdu par ses digressions, à l’image de l’auteur qui s’égare dans sa tête. On assiste alors à la création d’un “chaos”, qui est pourtant plutôt construit. Et en effet, l’authenticité du livre vient sûrement de l’étalement de ce flux de pensées sur les pages. Ces pensées, qui détendent des fois, quand on en arrive à méditer avec Emmanuel Carrère porté par son écriture fluide et la justesse du choix de ses mots. Ces pensées, qui attendrissent aussi car elles ramènent à de