Invité a nashik
Samedi matin, 8h30, un ex-ouvrier spécialisé du textile dont l’usine a fermé dans la foulée d’une grève infructueuse à la fin des années 80 conduit le rickshaw qui me dépose devant un grand centre commercial du Nord de Mumbai où je viens rejoindre des amis qui ont comme moi été invité par Yaw Kwingue, afin d’assister au Sulafest. Surpris, je constate que c’est dans « Land-rover » tout neuf que nous ferons le trajet de quelques heures qui nous mènera à Nashik. Le chauffeur, payé « au noir » 125 $ par mois, nous accompagnera toute la journée en prenant soin de ne pas nous « déranger » à chacune de nos haltes. Il se tient à l’écart, le plus souvent en patientant longuement enfermé dans le véhicule.
Chemin faisant, dès que nous nous immobilisons au feu rouge, les vendeurs itinérants nous proposent diverses marchandises (fraises importées du Pakistan, bouquin piratés, Malboro Light, etc.). Durant le trajet, Yaw nous explique que c’est un peu par défaut qu’il est devenu entrepreneur. Licencié en 2001 dans la foulée de la crise des « dot.com » et formé comme informaticien à Yale, ce Ghanéen d’origine installé à Detroit, attirée par le « boom économique en Inde (8 % de croissance selon les statistiques officielles), décide alors de traverser la planète pour fonder sa propre entreprise.
Rendu à Nashik, Yaw nous fera visiter son « usine » dans lequel il emploie désormais plus de 250 personnes, dont une majorité de jeunes ingénieurs informatiques venant des quatre coins de l’Inde. Éloignés de leur milieu d’origine et de leur famille, ces jeunes travailleurs gagnent parfois jusqu’à l’équivalent de 80 000 $US par année, mais doivent composer avec de très longues journées de travail, durant parfois jusqu’à 20 heures. Isolés dans leur cubicule, ils veillent à la réalisation de logiciels de partage d’information qui seront utilisés dans de grands hôpitaux américains. Les quelques femmes qui y travaillent – plus méticuleuses me dit Yaw — oeuvrent dans le