Incarcérations des mineurs
1. Manifeste
Depuis l’ordonnance de 1945, l’incarcération en tant que telle ne devrait être prononcée qu’en dernier recours, lorsque toutes les solutions ont été essayées (elles sont relativement nombreuses). Le texte considère le mineur comme en devenir et, dans cette perspective, privilégie systématiquement des mesures éducatives aux sanctions.
Depuis quelques années, sous une pression médiatique fortement relayée dans les discours politiques de tous bords, on peut constater que les chiffres de l’incarcération ont augmenté et que les lois tendent vers toujours plus de répression. La loi de programmation de la justice de septembre 2002 introduit ainsi des “sanctions éducatives” qui s'ajoutent aux ”mesures éducatives”, jugées inopérantes sans que les moyens aient jamais été à la hauteur des enjeux ce qui complique singulièrement l’évaluation de ces mesures. L’enfermement devient une réponse normale à la délinquance de mineurs, dans une gradation savante du moins fermé au plus fermé : du centre de placement à la prison, en passant par les centres éducatifs renforcés et les centres fermés. La même loi de programmation envisage de réserver 400 places pour les mineurs dans les nouvelles constructions à venir.
Or, chacun ne peut que constater le peu d‘efficacité de la prison sur les mineurs : elles n’évite pas la récidive et ne répare pas les jeunes qui lui sont confiés. Et pour cause.
Les textes réglementant les conditions de détention des mineurs ne sont pas toujours appliqués : violence, frustration et récidive, l’état des lieux est alarmant. Les relations familiales sont coupées sans qu’il y ait de suivi assuré avec la famille.
La prison n’a aucun projet pour les jeunes mais fonctionne uniquement sur un mode gestionnaire de contention des débordements, la peine n’a pas de contenu, l’oisiveté et la passivité ont du mal à suppléer au vide du projet, la scolarité et la formation des jeunes ne sont pas assurées dans des conditions