Imageries du graal
Mais à cette influence thématique s’ajoute également un rôle fondateur du point de vue de la technique romanesque. Bien sûr, la versification sera peu à peu abandonnée, au tournant du 13ème siècle, pour la prose. Mais la structure si particulière du Conte du Graal joue un rôle fondateur. Alors qu’on a longtemps négligé la « partie Gauvain » au point de nommer son œuvre Perceval, c’est cette technique particulière de la « conjointure » romanesque qui va devenir une des constantes et des caractéristiques essentielles des proses du Graal.
BnF, français 12576 (2ème moitié du XIIIe), f°261.
L’adoubement de Perceval par Gorneman ne peut donc être compris qu’en référence à la société féodale. L’historien Jacques Le Goff a défini les différentes étapes de ce rituel symbolique d’entrée dans le lien vassalique :
[pic] 1. L’hommage, au cours duquel le vassal qui devient homme du seigneur exprime son engagement en affirmant « je le veux » puis en plaçant ses mains jointes entre celles de son seigneur. Cette importance rituelle du geste est d’ailleurs celle qu’on retrouve dans les miniatures médiévales.
[pic] 2. La foi, que le vassal jure à son seigneur par un baiser sur la bouche puis en prononçant un serment sur la Bible ou sur des reliques. Le vassal est désormais « homme de bouche et de main du seigneur ».
[pic] 3. L’investiture du fief, qui consiste en la remise par le seigneur d’un objet symbolique à son vassal, et qui doit correspondre à la nature du fief (= « obligation de faire »). Une épée marque ainsi un pouvoir auquel s’attache un droit de violence.
La couleur vermeille