Histoire économique
(Libération, 8 mars 2011)
Le frisson de la liberté balaye l’une après l’autre les tyrannies, au sud, et qu’entend-‐on gronder chez nous ? Dans le pays de des droits de l’homme qui a su porter si haut ses valeurs qu’elles ont résonné dans le monde pendant deux siècles, nous n’entendons que le bruit sourd de la peur et de la couardise. Or cette peur-‐là ne nous est pas consubstantielle. Elle est fabriquée en haut, sur les cimes du pouvoir, et elle dégouline, suinte lentement sur nos visages effarouchés. Et que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit bien d’une tactique. Il faut épouvanter, d’abord. Les révolutions arabes et l’ivresse de la liberté deviennent dans la bouche de nos gouvernants des dangers qui sourdent à nos portes et, tels des vaisseaux fantômes chargés d’âmes damnées, risquent de nous submerger si nous n’y prenons pas garde. Le président de la République, lors de son allocution télévisée, nous disait, droit dans les yeux, en parlant de ces révolutions que certains comparent à la chute du mur de Berlin : « Ce changement