Histoire d'un voyage fait en la terre du brésil, autrement dit amérique
Le XVIe siècle est pour les occidentaux le siècle par excellence des découvertes fabuleuses. Découvertes scientifiques, avancées technologiques, découvertes géographiques, rencontre de peuples jusque là inconnus. C'est aussi une époque où la confiance en l'homme et en sa capacité de raisonnement est fortement marquée. Rien d'étonnant donc à voir d'éminents penseurs comme Montaigne se pencher sur ceux qu'on nomme à l'époque des "sauvages" ; ou d'insatiables explorateurs comme Jean de Léry engager un fructueux dialogue avec des hommes dont tout les sépare.
Que peut-on se dire quand on est si différent ? A cette question, Jean de Léry tend à répondre que, malgré ce qu'on nomme aujourd'hui "le choc des civilisations", le dialogue est toujours possible pourvu qu'on ait la volonté de communiquer et de convaincre.
I. Le choc de deux civilisations
Deux civilisations se rencontrent dans ce texte : celle des Européens, fondée sur le travail et le gain ; celle des "sauvages", fondée sur la frugalité et l'insouciance.
A) Valeurs occidentales
L'appât du gain est le moteur de la civilisation occidentale, comme en témoigne la référence au "marchand" ligne 13. Sa richesse, proprement inconcevable pour un "sauvage", est rendue par une comparaison et une énumération aux lignes 14 et 15. L'opposition entre "un tel seul" et "tout le bois", aux lignes 16 et 17, achève de peindre l'avidité du riche occidental.
Cette soif de biens ne se fait pas dans la facilité. Elle nécessite de "travailler" (l. 34). Il faut ici indiquer les deux sens de ce verbe. Travailler, c'est d'abord souffrir. En ce sens, "travailler à passer la mer" évoque la difficulté des voyages maritimes à l'époque, comme le confirme l'expression "sans endurer tant de maux", ligne 32. L'autre valeur, sous-jacente, est celle que nous utilisons communément.
A l'opposé de ces valeurs, le vieux sage Tupinamba défend des vertus fondées sur la frugalité et l'insouciance.
B) Valeurs