Histoire mediterranée
La Méditerranée, quelle histoire ? 1/ Quelle histoire faire de cet espace, car il s’agit bien de faire l’histoire d’un espace ? La Méditerranée et non les pays ou régions méditerranéens, ce qui induit de réfléchir d’abord sur la mer comme espace-mouvement faisant lien ou frontière, parfois les deux à la fois, entre les territoires qui la bordent. Un espace de rencontre et d’affrontement à la fois et donc un enjeu. Fatalement un espace où il convient d’étudier les relations politiques et diplomatiques, l’alternance de la guerre et de la paix, où il convient de sonder les relations humaines qui se juxtaposent, se croisent ou se métissent, à l’image de son histoire culturelle mais aussi de l’histoire des migrations, où il convient aussi de dire les échanges économiques et d’abord commerciaux. De 1798 à 1956, autrement dit de l’expédition d’Égypte de Bonaparte à la nationalisation du canal de Suez par Nasser, comme si toute cette histoire se tenait dans cette terre d’Égypte. Deux dates qui racontent l’émergence d’un processus de domination de l’Europe sur l’Afrique méditerranéenne, de l’Occident sur l’Orient et son déclin un siècle et demi plus tard. Fatalement donc l’étude d’une domination qui mêle impérialisme et colonisation, ainsi que son revers, dès lors que les empires implosent, dès lors que les nationalismes, parfois mâtinés d’arabisme et d’islamisme, participent à un phénomène de balkanisation des territoires bordant la Méditerranée, faisant triompher les États-nations et imposant de nouveaux liens. 2/ Quelle histoire faire d’un espace qui, s’il existe, n’en a pas moins été inventé ? L’adjectif méditerrané n’existe que depuis le XVI° siècle, signifiant « ce qui est au milieu des terres ». Le substantif Méditerranée n’apparaît quant à lui qu’au XIX° siècle, ainsi que le mot méditerranéen. Ce sont les géographes du XVIII° siècle qui ont inventé le mot, à une période où les hommes aspirent à se situer dans le temps et l’espace. Dès