Hip hop au sénégal
Quand les jeunes donnent le la, pour qui sonne le glas ?
On considère souvent, à tort, que les sociétés africaines étaient des modèles achevés d’immobilisme d’où le changement social était quasiment exclu. Or, la force de ces sociétés résidait entre autres dans leur capacité à ménager adroitement des dispositifs d’expression de la différence et des troubles sociaux liés immanquablement à la vie de toute communauté humaine. Sous différentes formes, elles ont su gérer les remous sociaux. Mais, ces dispositifs sont aujourd'hui, soit considérablement affaiblis, soit ont tout bonnement disparus. Et les sociétés africaines, en général, la société sénégalaise partant, éprouvent des difficultés considérables à les revitaliser face aux défis de la modernité qui pose des questions d’une grande acuité. Cette société sénégalaise a grand mal à faire face à ces défis. Les jeunes, perdus dans cette fragilisation des institutions qui les accompagnaient dans la socialisation, tentent de combler ce vide créé par la crise, de se trouver eux-mêmes des réponses, d’être en quelque sorte des adultes avant l’âge. Le hip-hop est apparu comme une de ces tentatives de réponse. D’abord « affaire de branchés », confiné dans cette phase d’implantation primaire dans les quartiers chics (au début, c’étaient surtout les jeunes de ces quartiers qui avaient accès à la télévision câblée, aux cassettes vidéos, qui voyageaient ou qui avaient des proches qui voyageaient…), contrairement à ce qui s’est passé aux Etats-Unis d’Amérique, il s’est popularisé par la suite, se répandant dans toutes les régions du Sénégal. Mais s’il est vrai qu’il n’a pas toujours été ici un mouvement engagé – il faut le reconnaître – il reste tout autant vrai qu’il est devenu par la suite un véritable système culturel, porteur de toute une série d’aspirations pour un Sénégal autre. Conscients des possibilités de réalisation qu’offre cette culture, les