Hda Monet1
Plus on avance dans les salles, plus le calme et le silence nous entourent. Un rêve d’harmonie hante l’espace baigné de lumière de l’Orangerie. Le temps s’écoule avec la course des nuages et la scansion des arbres. Une tonalité bleue, propice à la méditation et chère aux symbolistes, y domine. L’Orangerie prend, au cœur de Paris, une dimension paisible : c’est un havre où l’on s’abrite des trépidations de la vie moderne. Monet a en effet explicitement conçu les Nymphéas comme un « asile », une retraite vouée au ressourcement de l’homme coupé de ses racines. Un message universel d’espoir et de recommencement possible est induit par le cycle rassurant de la course du soleil. La visée humaniste des Nymphéas se révèle dans sa profondeur quand Monet prend la décision de les offrir à la France. Il le fait par une lettre à Georges Clemenceau, qui l’a soutenu tout au long de son entreprise et va s’employer à la faire aboutir. La date de cette lettre (le lendemain de l’armistice du 11 novembre 1918) et le nom du destinataire (à la fois l’ami du peintre et l’homme qui vient de conduire le pays à la victoire) donnent la mesure de ce geste consciemment historique. Il fait des Nymphéas un monument à la paix, la paix militaire, celle qui met fin à la Grande Guerre, mais aussi la paix intérieure de l’homme.