Handicap
La vision que l’homme européen d’aujourd’hui a de la nature ne nous permet pas d’interpréter celle qu’en avait l’homme primitif. En effet, ce dernier vivait immergé dans cette nature, en était beaucoup plus dépendant que nous et, pour cette raison, était plus enclin à la vivre qu’à la traduire au travers de représentations. D’ailleurs, ce que l’homme moderne entend par art primitif - comme l’est tout art préhistorique et, encore de nos jours, une grande partie de l’art populaire - ne répond pas à des émotions esthétiques conscientes de la part des créateurs. Les oeuvres que nous considérons, en raison de notre mentalité actuelle, comme
«artistiques» étaient, en fait, pour eux, un reflet de leur état d’esprit, de leurs idéologies et de leurs croyances spirituelles. Par ailleurs, il est très difficile de synthétiser en peu de lignes un phénomène aussi complexe et varié, qui embrasse 30 000 ans d’expérience artistique figurative de l’homme européen.
L’évocation de la nature dans l’art préhistorique
Ceci posé, nous pouvons analyser l’un des plus fascinants chapitres de l’histoire de l’art: l’art paléolithique. L’homme d’aujourd’hui est attiré par la beauté des bisons d’Altamira
(Espagne) ou des taureaux de Lascaux (France) qui témoignent, à la fois, d’une étonnante faculté d’observation de la nature et d’une vision interprétative «mythique» de celle-ci. On retrouve la même attirance vis-à-vis des oeuvres considérées comme de l’art mobilier parce que gravées sur des pierres, des os ou des cornes. Cependant, malgré la justesse d’observation et un certain «réalisme» des créateurs, les animaux apparaissent comme isolés et hors contexte, ceci même sur les représentations «naturalistes» les plus «parfaites» telles que le bison à la tête tournée de La Madeleine, le troupeau de rennes de Teyjat ou les plaques de
Limeuil (Dordogne, France) sur lesquelles