S'il y a un art de la revue, ceux qui font La mer gelée sont passés maîtres. "Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous" écrivait Kafka en 1904. Y a-t-il eu plus puissante injonction lancée au lecteur ? Il faut croire que cette revue bilingue franco-allemande s'y emploie deux fois par an à l'égal d'un livre. Tout y est remarquable : le papier, la typographie, la mise en page, les dessins, les thèmes et, le dernier mais pas le moindre, les textes. On dira que c'est plutôt avant-gardiste même si cela ne signifie plus grand chose. Disons que son niveau d'exigence ne souffre guère de compromis, surtout dans sa conception radicale de la critique littéraire. Le nouveau numéro s'articule autour du thème des marges et regroupe notamment (dans les deux langues sur deux colonnes cote à cote) des fictions inédites d'Elfriede Jelinek sur la peur (Vous pouvez parler !),de Jean-François Magre (Rentrons, Damien), de Monika Rinck (Que font les femmes le dimanche ?) et de Christian Prigent (Adieu). Le prochain numéro de La mer gelée à paraître en juin sera consacré à Berlin Alexanderplatz(1929) et révélera quelques mois avant sa parution chez Gallimard le travail d'Olivier Le Lay pour sa nouvelle traduction du grand roman d'Alfred Döblin. S'il y a un art de la revue, ceux qui font La mer gelée sont passés maîtres. "Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous" écrivait Kafka en 1904. Y a-t-il eu plus puissante injonction lancée au lecteur ? Il faut croire que cette revue bilingue franco-allemande s'y emploie deux fois par an à l'égal d'un livre. Tout y est remarquable : le papier, la typographie, la mise en page, les dessins, les thèmes et, le dernier mais pas le moindre, les textes. On dira que c'est plutôt avant-gardiste même si cela ne signifie plus grand chose. Disons que son niveau d'exigence ne souffre guère de compromis, surtout dans sa conception radicale de la critique littéraire.