Gueere
Les misères de la guerre, gravure de Jacques Callot pendant la guerre de Trente Ans
Retrospectivement, les guerres du Péloponnèse, les guerres des Mongols du treizième siècle, ou la guerre de Trente Ans sont parfois qualifiées de guerres totales, à cause d'une stratégie délibérée de mobilisation totale des moyens d'un des belligérants impliquant des pertes civiles systématisées de l'autre camp.
Les guerres révolutionnaires et les campagnes napoléoniennes, notamment la guerre de Vendée ou la guérilla espagnole qui touchent les civils, sont marquées par la levée en masse, la mobilisation économique des ressources ou le blocus de l'ennemi, la réorganisation idéologique et politique des vaincus, la mobilisation intérieure de la société (y compris par le moyen de laterreur et de la propagande) et des épisodes de destructions stratégiques (prise de Moscou).
Même si la répression de la révolution polonaise de 1830, certaines batailles européennes (bataille de Solferino) ou des situations particulières comme le siège de Sébastopol, ou surtout le siège de Paris en 1870 montrent que la possibilité d'une guerre totale existait au dix-neuvième siècle, leur limitation par le politique (conforme à la distinction de Clausewitz entre modèle type et cas concrets) a débouché sur un retour à la diplomatie.
Richmond (Virginie) à la fin de la guerre de Sécession, 1865.
Deux guerres civiles, toutefois, semblent prendre les caractéristiques de la guerre totale : larévolte des Taiping d'une part, et à la même époque, la guerre de Sécession. Après lediscours de Gettysburg qui lui fixe un cadre idéologique, l'industrialisation de la production et la systématisation des destructions de biens civils conduisent à des opérations de guerre totale, en particulier lors de la descente de la vallée de Shenandoah par l'armée de Philip Sheridan fin septembre 1864, et de la marche vers la mer, conduite en novembre et décembre 1864 par le