La signification d'Electre n'est pas évidente au premier abord. Le langage précieux, la multiplication des genres, les contradictions apparentes peuvent égarer la réflexion. Cependant, la pièce forme un ensemble cohérent dont la vocation est d'amener le spectateur à s'interroger sur le bonheur, la Tragédie, la guerre. L'enseignement de la pièce repose sur le conflit qui oppose Electre et Egisthe. Celui-ci, qui vient de recevoir sa ville "comme une mère son enfant" au début de l'acte 2, est prêt à se sacrifier pour défendre sa patrie contre l'ennemi qui s'apprête à attaquer. Cependant, Electre l'en empêche: pour elle, Egisthe est un criminel : il a tué son père Agamemnon. Ainsi, il ne peut plus assumer la royauté. Ce don qui lui a été fait, c'est une illusion, et "on n'a le droit de sauver une patrie qu'avec des mains pures". Voilà le problème que pose Giraudoux : lequel passe d'abord, le peuple ou la vérité? la survie de la masse ou le procès d'un seul? Ainsi quand Egisthe dit : "Il est des vérités qui peuvent tuer un peuple, Electre", celle-ci répond: "Il est des regards de peuples morts qui pour toujours étincellent". Vaut-il mieux la mort que le crime impuni? Giraudoux se garde bien de répondre : au spectateur de se forger une opinion.
Cependant, il fournit des arguments aux personnages, et la pièce n'est qu'une succession de tirades ou de dialogues plaidant pour l'un ou l'autre des points de vues. Ainsi dans les scènes 2 et 3 de l'acte 1, le Président puis Egisthe exposent un système prônant le bonheur fondé sur l'oubli des crimes. Pour eux, l'acharnement, c'est à dire la quête d'Electre de la vérité, fait ressurgir toutes les fautes enterrées et apporte le malheur, la haine par ses révélations. Contre eux, on trouve Electre, le Jardinier, et Agathe à partir de la scène 6 de l'acte 2. Agathe en effet s'est rebellé contre son mari : sa nature est d'aimer le premier venu, sa nature la contraint à tromper son mari: elle préfère la vérité et avoue tout, au