Ghass
Au point de départ, une sensibilité exacerbée ; en chemin, le travail à l’intuition ; au point d’arrivée, Ghass : insoucieux de lui-même, mais soucieux des autres. Sa peinture mue : elle n’est plus l’ambassadrice des effets pervers de l’ignominie, du mélange entre barbarie et civilisation, d’affreux spectres mornes. Le diablotin a quitté le cadre, le jaune s’est installé : le cérémonial de l’inessentiel laisse la place à une peinture fidèle à l’avenir, qui se veut mémoire du futur.
La peinture devient don, sa peinture est partage. Elle se réjouit, elle inverse le regret. Sans autre richesse que rien, sans autre trésor que tout : elle est ouverte au grand souffle du monde, sans narcissisme, sans exhibitionnisme, sans calcul. Une période nouvelle arrive dans l’œuvre de Ghass. Il y a unité de la personne de l’homme et du peintre. Ne pas briser cette unité, c’est respecter le peintre : envisager sa parole comme intégralement responsable ; son œuvre comme un ensemble cohérent. Etre fidèle à ses idées, ce n’est pas heureusement n’en avoir qu’une. Dans cette ère nouvelle, Ghass perçoit davantage le monde comme théâtre des désirs. Désirs tributaire des caprices téméraires de la volonté : le principe de plaisir en décide, le principe de réalité en dispose. C’est ce que montrent aujourd’hui les sculptures et tableaux de Ghass. Il est inintéressant de n’écouter que la morale du passé, devenons maîtres de nos plaisirs présents.
Jetons un œil au tableau « la mémoire du futur », quintessence du nouveau Ghass. Ecoutons ce tableau. Il nous dit que Médiocrité et Cynisme, véritables bastions de stupidité, nous désarment trop souvent, nous rendent intellectuellement paresseux. Dans ce jardin de la paresse, le monde a fait une sieste bien trop longue. A force de définir l’être par l’avoir, ordre de tous les désordres, le monde loge le désespoir au plus profond de la joie de vivre. Ce faisant chacun « vit sa mort » ou « meurt sa vie », selon la belle