Generation age
Comment reconnaît-on un membre de la jeunesse ? Quelles sont les caractéristiques des gens de cette classe d’âge ? Dans quelle mesure ce portait du jeune homme peut-il avoir une valeur d’universalité ?
D’après Mauriac, le jeune homme se reconnaît à son indétermination. Cette force en puissance non encore entamée par les concessions voit toutefois son univers se transformer depuis l’enfance et son insouciance. Alors que son univers se rétrécit, son âme grandit au fil des lectures et son appétit furieux est bridé par les examens. Ce mal de jeunesse est connu de tous les jeunes gens mais aussi de toutes les jeunesses : il est transgénérationnel. Il se donne comme un mal nécessaire, une forme de passage obligé, souvent pénible.
Mauriac revisite pour cette raison le sens du proverbe « il faut que jeunesse se passe ». Si, à l’origine, le proverbe semble excuser les excès de la jeunesse comme nécessaires, l’auteur lui confère ici un sens tragique : il faut guérir de sa jeunesse, ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
Le jeune homme pense qu’il est seul à souffrir, perdu dans sa génération, de même il se croit seul à lutter contre les autres générations et ses espoirs comme ses attentes sont brimés. Seuls les vieillards ont le pouvoir. Aussi la jeunesse est-elle prête à tout pour libérer un peu de cette folle énergie, quitte souvent à s’offrir en sacrifice, dans l’attente de mûrir, de vieillir et de prendre la place des anciens. Pourtant il n’est pas sûr que l’on mûrisse un jour ; au contraire, il semblerait que les meilleures années soient celles de cette jeunesse dont on ne sait que faire quand on l’a, dont on ne nous laisse rien faire (conflit entre générations et poids de l’expérience des anciens). Or c’est durant cette jeunesse que le terreau est le plus fertile, à moins que l’on possède du génie