Gayzou
Bien camouflés, les guerriers du Chaâba attendent « leur hache ». Soudain, Rabah porte deux doigts à sa bouche et siffle. Tous les gamins se redressent vigoureusement sur leurs jambes, parfaitement synchrones.
Je me baisse. Mes genoux s'entrechoquent sous l'effet de la peur.
Une pluie de cailloux s'abat sur les voitures comme de la grêle. Les carrosseries encaissent le choc. Des pare-brise volent en éclats. Les hommes et les femmes sortent des voitures, à découvert, sont accueillis par une radée de pierres, s'enfuient dans toutes les directions, les mains sur la tête.
La pute qui a joué les gros bras avec la Louise a pris elle aussi ses jambes à son cou. Dans sa fuite, son sac à main s'est ouvert et son contenu s'est répandu sur la chaussée. Trois gamins se roulent par terre pour se disputer des pièces de monnaie.
Soudain, un homme intrépide d'une quarantaine d'années fait face aux assaillants, leur crie
- Bande de p'tits bougnoules ! Vous croyez que je vais vous laisser faire les caïds dans notre pays ? Il regarde dans ma direction, précisément où je me suis fait lilliputien. Décidément, je n'ai pas de chance, l'homme s'approche. Son visage est crispé. Il fallait bien que ça tombe sur moi!
- Rabah ! Rabah ! Le bonone veut me choper! Au secours!
Quatre guerriers accourent dans son dos et le fusillent. Il s'enfuit enfin loin de moi.
Le combat cesse et le chef ordonne le repli au Chaâba.
- Allez! Courez tous!
A ce jeu-là, je suis toujours le premier, surtout quand il s'agit de s'éloigner d'un danger. Exténué, j'arrive le premier au Chaâba. Depuis son jardin, la Louise a suivi le déroulement du combat. En constatant les ravages causés à l'ennemi, elle se frotte les mains.
- Bravo! bravo les gones. Vous avez tous mérité un grand café au lait. Allez! Que tout le monde me suive!
Devant son portail, on se bouscule. Chacun revendique sa part au combat.
A Hacène qui se tient à côté de moi, je lance :
- T'as vu le bonone qui s'est approché de