Gargantua
C'est dans le genre théâtral que se manifeste, dans son plus grand éclat, le génie classique. Molière fait de la comédie[->0] un instrument d'analyse de la société et des travers de l'homme. Le Cid de Corneille (1636) est le point de départ pour l'application d'un code théâtral à partir duquel les dramaturges élaboreront les règles qui contribuent à la perfection du genre. La tragédie classique s'inspire essentiellement de l'Antiquité greco-latine. Elle est régie par la règle des trois unités qui impose une action[->1] unique, concentrée en un jour, en un seul lieu, sans épisodes superflus. À cette cohésion, s'ajoute une exigence de rigueur formelle puisque la tragédie comporte cinq actes[->2], écrits en vers alexandrins[->3]; le respect des bienséances[->4] et le souci de la vraisemblance participent également du code de l'écriture théâtrale. Rien de choquant ne doit être représenté sur la scène : ainsi, la mort de Cléopâtre dans Rodogune de Corneille, se déroule dans les coulisses ; le récit de Théramène, dans Phèdre, relate l'épisode de la fin violente d'Hippolyte.
Le XVIIe siècle voit aussi la résurgence * , après une longue éclipse, de genres littéraires hérités de l'Antiquité : la fable, la satire, les lettres, les maximes[->5] et les portraits. La Fontaine illustre magnifiquement le premier dans ses Fables (1668-1678). Boileau, émule d'Horace, écrit des Satires (1666-1668) qui trouvent un grand succès. Mme de Sévigné (1626-1696) mêle dans ses Lettres les « potins » de la Cour et des réflexions morales. Les Maximes de La Rochefoucauld (1664) et Les Caractères de La Bruyère (1688) donnent à la critique sociale une pulsion nouvelle et la transforment en satire. Ces deux ouvrages ouvrent la voie à l'esprit de réforme du siècle suivant.
En revanche, l'époque classique semble se désintéresser de la poésie lyrique. On peut, cependant, relever que, chez Racine, le dilemme tragique s'exprime en un lyrisme d'une grande pureté, que